Quantcast
Channel: PIFFF 2011 – ScreenMania – Cinéma, séries, critiques, toutes les news et infos
Viewing all articles
Browse latest Browse all 19

[Critique] The Dead (2010)

$
0
0

PIFFF 2011 : Compétition

Si la mode du film de zombies s’est éteinte dans les cinémas en France, elle fait toujours les beaux jours du marché vidéo avec des films qui vont de la série B gentillette au Z tout pourri, sans grande surprise. The Dead est un cas à part qui fait le tour des festivals depuis quelques temps en s’appuyant sur au moins une idée géniale, celle de situer l’action d’un film de zombies en Afrique. Une Afrique devenue elle aussi assez rare au cinéma et qui aura été exploitée au mieux dans le jeu vidéo, entre Far Cry 2 et Resident Evil 5. Au delà de cette idée, il faut bien avouer que The Dead n’est pas un monument d’originalité mais assure tout de même un spectacle old school globalement bien torché et même parsemé de réelles fulgurances, en même temps que de bêtises qui n’ont pas vraiment leur place dans un film avec cette ambition. Très premier degré, jamais cynique mais doté d’un discours à double tranchant car asséné assez maladroitement, The Dead ne fera pas date par ce qu’il veut bien nous raconter mais possède suffisamment de qualités esthétiques pour s’imposer comme un objet de cinéma singulier.

the dead 1 [Critique] The Dead (2010)

Si on regrettera longtemps que The Dead ne soit pas tourné en scope, il n’empêche qu’il contient quelques unes des plus belles images du cinéma d’horreur de ces dernières années. Pas tant dans la captation de cadres en forme de carte postale avec une silhouette de zombie en contre-jour sur fond e soleil couchant, original mais un peu vain, que dans son approche visuelle du continent et du mal qui s’abat sur lui. Il règne sur The Dead une idée permanente de punition biblique qui fait du zombie non plus un symbole de consumérisme outrancier mais plutôt une représentation de fin du monde amenée par l’homme. C’est dans la mise en image de cette désolation, d’un continent qui s’éteint et d’une humanité perdue que le film trouve une véritable force. Tous ces plans larges avec les morts-vivants déambulant, apparaissant dans quasiment chaque cadre, ces inserts sur des membres symbolisant une putréfaction totale de l’homme face aux images bien plus poétiques d’une nature encore épargnée, on trouve vraiment de belles choses qui doivent malheureusement cohabiter avec de grosses maladresses. Ainsi à la poésie morbide se greffe un sens de l’iconisation très limite. Si la vision de deux soldats, un blanc et un noir, armés jusqu’au dents, en contre-plongée sur le tarmac d’un aérodrome, ou du ralenti sur ce type qui a tout perdu sortant sa mitraillette pour dégommer du zombie, peuvent toucher l’amateur d’imagerie badass un peu too much, l’héroïsme de l’homme blanc face au peuple africain gangréné ou la séquence Ushuaïa à la découverte d’une source d’eau sont quand même un peu limites. The Dead peine à maintenir l’équilibre entre le ton très sérieux et old school de la démarche – il y a à l’écran un vrai pessimisme concernant l’avenir de l’Afrique – tout en voulant satisfaire l’amateur de films de zombies à l’ancienne sans pour autant proposer quelque chose de nouveau. Il est vrai qu’on retrouve l’imagerie chère à Romero du zombie qui marche et ne court pas, un certain déchainement dans le gore frontal, mais légèrement plombé par une ambition auteuriste maladroite dans son discours.

the dead 2 [Critique] The Dead (2010)

Avec ce côté extrêmement contemplatif sur un monde pourrissant littéralement, clairement sous l’influence de Lucio Fulci, poète de l’immonde, The Dead prend la forme d’un road-movie qui cite autant Virus Cannibale que La Balade sauvage, et c’est en cela qu’il est à la peine. Une sorte de film bâtard qui cède à des facilités inadmissibles (le coup de la communication radio c’est du grand n’importe quoi par exemple) avec pourtant de vraies belles choses dans son illustration et son utilisation anxiogène de décor à ciel ouvert. On pense parfois au Souffle du Démon dans son utilisation des couleurs chaudes et du désert, on regrette d’ailleurs que soit avortée la tentation du mysticisme avec la présence inexploitée du shaman, qui aurait pu apporter une dimension encore plus singulière à l’expérience. Reste un film de zombies classique dans sa construction finalement, et qui à ses grosses carences répond par une application à faire du cinéma et un décor qui fait le reste. Exotique mais malheureusement pas transcendant, qui prend des risques tout de même par son utilisation du symbolisme et son parti-pris rythmique assez radical aujourd’hui où tout va très vite.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 19

Trending Articles